Année 2006.
Au tombereau d’informations qui nous arrive en permanence sur le coin de la gueule, il faudrait appliquer la technique du tri sélectif des déchets : dans quel bac on les jette ? En fonction de quoi ? Qui nous les envoie ? Et quel est l’intérêt de l’expéditeur ? Dans une langue limpide, Normand Baillargeon donne une multitude de pistes pour déjouer les ressorts du panurgisme,
dont l’ordre établi joue à merveille, et faire de chacun de nous ce que nous ne devrions être : des individus autonomes, doués de raison, vivant en société, c’est-à-dire le plus harmonieusement possible les uns avec les autres.
Décrypter les unes des journaux, pénétrer l’enfumage des chiffres ou détecter les argumentaires foireux en vogue dans la médiacratie s’avère ô combien salutaire. Nos lecteurs ne s’y sont pas trompés. Ce titre reste l’un des best-sellers de la librairie et lorsque nous avons reçu son auteur, alors de passage en France, notre salle de débat était remplie de lecteurs enchantés de rencontrer quelqu’un d’aussi sympathique. Baillargeon a de facto une grande qualité, qui manque à beaucoup d’auteurs de sciences humaines : il est clair dans ce qu’il écrit et dit. Que ce soit dans l’anthologie de textes qu’il a annotée sur l’éducation, Éducation et Liberté (parue également chez Lux en 2005), dans L’Ordre moins le pouvoir (Agone, 2001), ou bien plus récemment, dans Liliane est au lycée (paru chez Flammarion en 2011). Ce petit texte qui nous a beaucoup fait rire à la librairie montre ce que signifie la culture générale aujourd’hui et ce qu’elle représente politiquement et socialement. Ce pédagogue québécois n’aurait pas été aussi connu en France si les éditions Lux n’avaient pas été là. Créées en 1995 au Québec, ce n’est qu’en 2005 qu’elles installent vraiment leurs titres de critique sociale en France. Depuis, cette maison d’édition entretient des rapports suivis avec nous, et c’est toujours avec joie que nous accueillons ses livres.